Je suis

Je suis un être humain.
J’ai deux bras, deux jambes, une tête un cœur.
J’aime l’algèbre matricielle, la théorie des ensembles, les langages orientés objet, Lucrèce et l’humain. Fascinée par l’humanité et l’intelligence, je lis, regarde et écoute.

Toujours précaire, je n’ai jamais trouvé ma place dans le monde du travail, donc dans la société. Je n’en ai toujours fait qu’à ma tête, privilégiant l’éthique et la morale au confort et à la norme. L’expérience m’a appris que je n’ai aucun contrôle sur les éléments extérieurs, seulement sur mon attitude et mes réactions.

J’ai une tache. Le CV ne passe pas. Il n’est pas question de ma personne ou de mes compétences, je suis inemployable. J’ai beau avoir intégré que je n’ai pas le profil, j’aimerais être une bonne personne. Être utile à la société. Pouvoir vivre de mon travail, ne pas être une assistée. Mais surtout, avant tout, je voudrais que les gens qui ont un travail ne me voient pas comme une personne faible, limitée, inadaptée. La privation d’emploi est un handicap social, pas mental ou intellectuel. Je n’ai pas besoin qu’on m’apprenne à faire des lettres de motivation et des CV.

Je n’ai pas à suivre des ateliers « trouver sa voie », « réussir un entretien » et autres formations. J’ai besoin d’un contrat de travail durable (et pas renouvelable au bon vouloir d’un chefaillon). J’ai besoin d’un salaire décent qui me garantisse logement et nourriture. Je n’ai pas besoin que des bénévoles m’accorde un colis de denrées alimentaires périmées mais encore bonnes. Je veux pouvoir acheter mes produits frais et les cuisiner moi-même.

J’ai rencontré le collectif territoire zéro chômeur de longue durée. « Personne n’est inemployable » « un CDI au SMIC » « partir des compétences et des envies des
personnes ». Pas de charité, pas d’assistanat.

Au lieu de dépenser « un pognon de dingue » pour maintenir les personnes dans la misère et la pauvreté, juste leur faire confiance et leur permettre de vivre décemment de leur travail. Parce que je ne suis pas différente. Parce que la privation d’emploi est une souffrance. Parce que je suis capable, sans avoir à me justifier. Cette plongée en humanité m’a appris la nature réelle de l’être humain. Nous ne sommes pas des sous-humains parce que nous n’avons pas de travail. Les circonstances m’ont privées d’un emploi, cela n’a pas fait de moi un monstre inadapté nécessitant une procédure d’insertion. Je suis comme vous. Je dors, je mange, je pleure, je ris, j’aime ou pas, je rêve et je m’inquiète pour mes proches. J’ai commis des erreurs, et j’en referais, pas vous ? Est-ce une raison pour me maintenir au ban de la société ?

Pour moi et pour mes semblables humains, devenons territoire zéro chômeur de longue durée, afin de démontrer que la redirection des coûts de la pauvreté, ça fonctionne.

Maryse

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