17 Octobre 2021 à Chambéry

 

Organisé par le COLLECTIF

        
LIGUE DES DROITS DE L’HOMME – AMNESTY INTERNATIONAL – PSY MOBILE – EMMAÜS – SAPPEL – CENTRE HOSPITALIER – PASS – TERRITOIRE ZERO CHOMEUR LONGUE DUREE CCFD TERRE SOLIDAIRE – SECOURS CATHOLIQUE – ATD QUART MONDE SAVOIE –

S’engager pour le pouvoir d’agir, c’est mettre les droits humains au cœur du combat contre la misère.

La pandémie du covid 19 a profondément modifié bien des équilibres et gravement perturbé un nombre de domaines essentiels à la vie : sanitaire, médical, économique, scolaire, éducatif, social, scientifique, culturel, financier, et d’autres encore,

Dans tous les pays, riches ou moins riches, les plus pauvres sont davantage encore qu’avant dépossédés de leur pouvoir d’agir au sein de la société pour faire valoir leurs droits humains les plus fondamentaux : droit à la Santé, au logement, à l’accès à l’emploi, à une alimentation correcte, aux études, à la justice, à la culture, etc.

Des réponses à long terme impliquant de grands choix de société ne peuvent être décidées sans l’expertise de tous les citoyens et en particulier de celles et ceux qui vivent les situations de grande pauvreté et d’exclusion.

Tout a débuté…

            JEUDI 14 OCTOBRE

au CENTRE HOSPITALIER……

Durant une semaine la PASS (permanence d’accès aux soins de santé) a exposé dans le hall de l’hôpital une maquette en bois représentant le navire illustrant l’affiche.
Le 14 octobre des poèmes ont été lus.


VOGUE   LA GALERE

La vie n’est pas un long fleuve tranquille.

On a bien besoin d’une galère pour traverser les fleuves, les mers, les océans.

 Voguer dans la galère, ça me définit bien.

Sans les étoiles dans le ciel de la nuit, je ne peux me diriger.

Sans un petit vent, je ne peux maintenir la voile de la vie.

Et sans mes rames aussi.

 Il est dur de garder le cap sans un gouvernail. La peur m’envahit par temps de tempête, d’orage, la houle et les lames de fond, les tsunamis, la fonte des icebergs, ces gros morceaux de glace qui provoquent des raz de marée puissants.

Alors, quand le soleil se pointe, une accalmie se présente, que ce soit l’astre ou le sourire d’une personne, l’espoir renaît et on est prêt à voguer sur d’autres galères car on est plus fort.

Olivia DUFOUR

SAMEDI 16 OCTOBRE

Matin : Le DROIT AU TRAVAIL, à la salle de la Forgerie à COGNIN
              Présentation du projet pilote « TERRITOIRE ZERO CHOMEUR
               LONGUE DUREE »

Table ronde animée par

  • Philippe JAUFFRET, animateur de la grappe régionale du projet
    Maryse FAURY : Groupe de mobilisation du territoire du Cœur de Savoie
    • Lionel FUENTES, conseiller délégué TZCLD à la mairie de la Rochette
    • Letizia ARNEODO, chargée de mission du projet à la Communauté de Communes du Cœur de Savoie

Avec la projection d’un documentaire sur l’expérimentation nationale :
 Un territoire au sein d’une expérience nationale

De gauche à droite : Letizia ARNEODO, Lionel FUENTES, Philippe JAUFFRET, Maryse FAURY

Voici le témoignage de Maryse FAURY

Bonjour à tous Je suis très émue de parler devant vous aujourd’hui, les enjeux de ce projet étant essentiels pour moi. C’est pourquoi j’ai écrit ce que je voulais vous dire, sinon on sera encore là ce soir, quand il s’agit d’ATD et TZCLD, je suis intarissable ! je vais vous raconter mon histoire, moi qui étais incapable de parler ou même d’apparaitre en public avant tout ça. Je suis précaire, bien que “ fille de bonne famille”. Mon père fonctionnaire m’a traînée de ville en ville au gré de sa carrière, ce qui fait que j’ai toujours été l’étrangère. D’un naturel optimiste, jeune adulte j’avais le sentiment que le monde était ouvert et bienveillant, et qu’à cœur vaillant tout est possible. J’ai donc continué à aller là où le vent me portait. De petits boulots en aventures humaines, les années ont passé, les cheveux blancs sont venus et je me suis pris la réalité en pleine face. La société m’a durement rappelée à l’ordre en sifflant la fin de la récré. L’euphorie des boulots faciles à trouver s’est transformée l’automne venu en chômage de longue durée. Le chômage, ce n’est pas qu’une privation de travail. Quand on rencontre quelqu’un, on lui demande rapidement ce qu’il fait. Systématiquement, les gens parlent de leur profession, car dans notre société on se définit par un emploi. Et quand on n’a pas d’emploi, les regards changent. Les préjugés arrivent. Les regards deviennent suspicieux. Surement un problème de comportement, d’addiction, de vice caché pour rester si longtemps sans emploi. Si on est antipathique, on est exclu. Si on est sympathique, on est infantilisé : je vais t’aider, on va faire des ateliers, tu vas coller des post-it pour définir ton projet, refaire ton CV, apprendre à passer un entretien d’embauche etc… Jamais le système n’est remis en question : c’est forcément de la faute du chômeur s’il en est arrivé là… et c’est souvent vrai. J’ai creusé mon cv en faisant des choix de vie différents. Je voulais travailler, mais quand on a un “trou” dans son CV, ce trou se creuse jusqu’à devenir un gouffre infranchissable. Et je me suis retrouvée inemployable. Je connais les frigos vides, les lettres du banquier, les portes fermées car les habits sont démodés. Je connais la lassitude des rendez-vous avec les conseillers pôle emploi, les assistantes sociales et autres chargées d’insertion qui cherchent mes freins. Est-ce que je vais regarder sous leur capot, moi ? Je suis une femme mure capable de faire des choix, prendre des décisions. Mais je ne peux pas monter une entreprise seule de A à Z. Cependant j’ai des choses à apporter car j’ai de réelles compétences et connaissances. Je bénéficiais d’une aumône alimentaire de la croix rouge. Pas pour nous nourrir, hein, juste pour survivre… Et puis un jour une bénévole du secours catholique m’a appelée pour une présentation qui a changé notre vie. Nous avons rencontré Matthieu qui a écouté notre histoire, notre rapport au travail, puis nous a proposé une rencontre originale pour découvrir TZCLD. Pas de CV, pas de lettre de motivation, juste un groupe de personnes concernées d’une façon ou d’une autre par la privation d’emploi qui décident d’agir ensemble. Enfin on me traitait en adulte, je pouvais participer à un projet. J’ai rejoint le collectif TZCLD Cœur de Savoie pour construire un projet de société innovant, une utopie réaliste, pas pour bénéficier d’un dispositif. Et de participer à cette expérience a changé ma vie. J’ai rencontré ATD et ça a été un coup de foudre ! Pour ce projet, je me suis retrouvée face à des élus qui m’ont écouté, j’ai participé à des réunions et formations régionales, nationales. Une personne du ministère a même souhaité entendre mon témoignage. Dans notre collectif, la parole de chacun est importante, et nos différences nous enrichissent. Je peux enfin “faire avec”, coconstruire un projet professionnel adapté. Avec des membres du collectif, nous sommes allés à Noisy le grand, découvrir TAE, l’entreprise-laboratoire d’ATD. Travailler et Apprendre ensemble a servi de base au projet TZCLD. Il s’agit de repenser l’entreprise avec des travailleurs exclus et d’autres qui souhaitent construire une économie plus solidaire. Cette journée extraordinaire a été une bouffée d’air pour moi. C’était possible de concevoir différemment l’emploi, c’était possible de travailler, même quand on n’a pas le profil. Bien sûr c’est dur, c’est un challenge sans cesse renouvelé qui nous confronte avec nos limites et avec toutes les difficultés que vous pouvez imaginer, mais c’est faisable si on en fait l’effort et que l’on reconnaît le droit à l’erreur. Localement, au sein du groupe mobilisation TZCLD, qui a vocation à mobiliser autour de notre projet d’expérimentation TZCLD, nous avions mis en place avec ATD un atelier d’écriture. On ne savait pas trop au départ ou on allait, car dans le “faire avec”, il ne s’agit de proposer une animation clé en main mais bien de construire une initiative ensemble. Ce fut vite un temps fort et fédérateur de notre collectif. Le croisement de nos savoirs, la rédaction de nos histoires professionnelles et de notre rapport à l’emploi a permis l’émergence d’un groupe solidaire et confiant qui a très vite décidé de monter un projet d’activité créateur d’emploi et de lien social au sein de notre territoire. Enfin, pour terminer, je viens de rejoindre une initiative Recherche/Évaluation visant à tirer les enseignements de l’expérimentation TZCLD. Je veux améliorer le modèle et permettre à tous les territoires le souhaitant de créer des initiatives locales pour qu’il n’y ait plus de privés d’emploi. Parce que ce n’est pas le travail qui manque, et que personne n’est inemployable, pas même moi.

Après-midi : Droit à la santé, COVID et SANTE DANS LE MONDE LA GRANDE PRECARITE

Conférence animée par

  • Bruno DE GOËR, médecin à la Permanence d’Accès aux Soins de Santé du Centre Hospitalier de Chambéry.
  • Madame Nadia IDIRI, Cheffe du Cabinet de la Ministre Déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Solidarité Chargée de l’Autonomie
  • Sabine BUFFIN, infirmière à la PASS
  • Marie BAHUAUD, psychologue, CHS – EQUIPE MOBILE PSYCHIATRIE PRECARITE a parlé des conséquences de la pandémie en santé mentale
  • François DELORME, CCFD Terre Solidaire est intervenu sur les répercussions au niveau mondial de l’alimentation sur la santé.

De gauche à droite : Nadia IDIRI, Bruno de GOËR, Sabine BUFFIN, Marie BAHUAUD

DIMANCHE 17 OCTOBRE


A 15 H, Place de la Brigade de Savoie, célébration de la journée devant la plaque dédiée à Joseph WRESINSKI, en présence de Monsieur Louis BESSON.

Au son de l’équipe des joueurs de djembé des compagnons d’Emmaüs,
les strophes en l’honneur des victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence de tous les temps ont été lues en langues différentes (anglais, français, allemand, albanais…) ainsi que des poèmes.

Monsieur Louis BESSON a chaleureusement et longuement témoigné de son expérience des années passées et de ses rencontres avec les personnes démunies.
Monsieur Thierry REPENTIN et plusieurs élus de la mairie de CHAMBERY étaient également présents.

Cette journée s’est terminée par un moment convivial autour d’un verre à la Base-Espace Malraux.

        Voici quelques souvenirs

  Poème écrit et lu par Marylène et Suzanne du Secours Catholique

Demander de l’aide au début, c’est ça qui est difficile
Être jugée sur ma tenue, c’est ça qui est difficile
Ne pas être prise en considération, c’est ça qui est difficile
Ne pas obtenir de réponse quand je pose une question à ma curatrice, c’est ça qui est difficile

Être crue quand je dis quelque chose, c’est ça la dignité
Être respectée comme je suis, c’est ça la dignité
Vivre avec plus de simplicité, c’est ça la dignité
Oser aller vers l’autre, c’est ça la dignité.

Ne pas se mêler des choses qui ne regardent que moi, c’est ça mon pouvoir d’agir
Arrêter les « on dit » et se parler, c’est ça mon pouvoir d’agir
Participer à un groupe de marche et à la vie collective, c’est ça mon pouvoir d’agir
Mon caractère et ma volonté d’avancer, c’est ça mon pouvoir d’agir

Ma foi et ma vie spirituelle, c’est ça qui me fait avancer
Aider les autres et donner du temps pour eux, c’est ça qui me fait avancer
Avoir un retour sur ce que je fais, c’est ça qui me fait avancer
Me sentir utile, reconnue, appréciée, valorisée, c’est ça qui me fait avancer

          

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